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2023

Les flûtes du Consort Brouillamini au festival de Simiane la Rotonde

Haut lieu de la musique ancienne, la Rotonde médiévale de Simiane accueille pour la première fois le décoiffant ensemble de flûtes à bec.

Le par Cécile Glaenzer

En 2018, Brouillamini enregistrait son premier disque, consacré à des transcriptions de Johann Sebastian Bach, et c’est dans la continuité de ce premier opus qu’a été conçu le programme « Flûtes en fugue » proposé ce soir par les cinq jeunes flûtistes de l’ensemble. Aux côtés de Bach, deux concertos pour violon de Vivaldi qui ont eux-mêmes été transcrits pour orgue par le Cantor de Leipzig. Une transcription de transcription, en quelque sorte. L’exercice était courant à l’époque, et les trois sinfonia de cantates du programme ont d’ailleurs été utilisées par Bach lui-même à plusieurs occasions, avec des instrumentations différentes. Si la sonorité des flûtes marche à merveille pour rendre le contrepoint d’une fugue pour orgue (la fugue en sol mineur BWV 542), elle s’adapte également parfaitement à l’écriture pourtant si violonistique des concertos de Vivaldi. On est un peu moins convaincu par la transcription du concerto pour clavecin en mi majeur de Bach, à cause de la complexité des croisements de voix. Dans le choral Herzlich tut mich verlangen, l’ornementation du thème au premier dessus est somptueuse, comme dans le largo du concerto en sol majeur de Vivaldi. Les cinq musiciens s’échangent les différents pupitres très naturellement, ce qui ajoute au côté vivant de l’interprétation et met en avant l’évidente complicité qui circule au sein du consort.

« Brouillamini » suggère l’idée d’un enchevêtrement inextricable : c’est tout le contraire de ce qu’on entend, où la clarté des lignes individuelles ressort parfaitement. S’ils veulent donner l’idée d’un joyeux bazar, c’est un bazar très bien organisé dont il s’agit. La cohésion de l’ensemble est sans faille et il en résulte une belle homogénéité des timbres, avec des basses bien articulées, ce qui est un vrai défi sur les instruments les plus graves de la famille des flûtes. Il faut dire que la belle acoustique de la Rotonde offre un parfait écrin à une telle formation. Tous anciens élèves de Pierre Hamon au CNSMD de Lyon, les cinq flûtistes font preuve d’une inventivité qui s’appuie sur une solide connaissance stylistique. Et leur bel enthousiasme est communicatif.

Crédit photographique : © Christian Glaenzer

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HAUTE-PROVENCE INFOS
Avec « La Chacana » Incas et Conquistadors, un concert d'anthologie ou d'ethnologie ?
Les deux à l’évidence, ce 10 août, Rotonde de Simiane-la-Rotonde pleine pour le groupe instrumental « La Chacana » qui sort des vitrines d'un musée imaginaire pré-colombien : des « sifflets de la mort » utilisés par le sacrifié lors du rituel de son immolation, des flûtes triples en forme de serpent, des flûtes de Pan en céramique, des ocarinas et des vases « siffleurs ».  Cet instrumentum, Pierre Hamon, Ananda Brandao, Clémence Niclas, Louis Capeille et Bor Zuljan en jouent à merveille. Louis Hamon en Icare triomphant, entre en scène en porteur de plumes de Condor qu'il fait littéralement voler au-dessus du public, un de ces moments rares où la musique « s'emplume » ! Panthéisme et chamanisme sont au rendez-vous magique des quatre éléments, véritables « charmes » envoûtant un public plus civilisé que les Conquistadors. Michel Jubin

LA PROVENCE

Une édition réussie pour les Riches Heures de la Rotonde / Avec quatre concerts sur cinq ayant fait salle comble, le Festival des Riches Heures de la Rotonde affiche une bonne santé qui réjouit ses organisateurs. Cette 41ème édition était le premier test pour la nouvelle équipe organisatrice présidée par Colette Valverde et composée de fidèles du festival.Pour Colette Valverde, cette édition devait « faire voyager » les spectateurs et le 4ème concert en a été l’illustration avec La Chacana qui a interprété un programme évoquant l’empire Inca. D’un enthousiasme communicatif, les musiciens ont provoqué un tonnerre d’applaudissements sous la coupole de la Rotonde. A.D.N.


A propos de l’exposition : Musique et Musiciens du XVIIe au XIXème siècle :  Le cercle généalogique de Vaucluse a fait le choix de remettre en lumières ces lignées de musiciens influençant souvent les milieux musiciens parisiens et non l’inverse. Cette exposition didactique, quelque peu austère dans sa forme, ravira également le public des 41èmes Riches Heures. Grâce soit rendue à Suzanne Pawlas, Présidente du CGV 84 et à Colette Valverde, Présidente de l’association des « Riches Heures Musicales » unies dans cette « offrande musicale » à lire et à entendre. CLP

Et aussi…
Servi par un écrin tant acoustique qu'architectural magnifique, le Quatuor Debussy a sublimé ces 2 oeuvres originales pour choeur et orchestre. Ancien chef de choeur et altiste, j'ai chanté intérieurement tout au long de la soirée. Le délicat bariolage du 2nd violon dans les 7 paroles était d'une rare délicatesse. L'alto tenait toute sa place tant ce quatuor veille à l'équilibre de toutes les parties. Quelle prouesse technique dans le final des 7 paroles. Merci d'avoir partagé ces transcriptions qui obligent nos oreilles à redécouvrir ces oeuvres splendides. Merci pour cette vibrante émotion. CGV <sandy.a@ik.me>

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Je tiens à vous remercier une fois encore de votre invitation hier, une merveille ! Cela m’a permis d’apprécier la spécificité certaine de ce festival, d’une grande qualité. Le lieu est d’une acoustique exceptionnelle, comme l’a d’ailleurs rappelé le premier violon. L’espace en toute intimité permettant la proximité immédiate avec les musiciens est un atout formidable, un moment de partage exceptionnel, sans parler évidemment de ce haut lieu du patrimoine dans lequel nous étions. Question musique, j’ai été impressionné par la mise en relation des deux œuvres présentées. Ce fut une merveille soirée, et merci encore de votre attention généreuse. Bien à vous, Etienne Collomb

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Article dans le journal "La Provence", 31/07/2023

 

Article dans le journal "La Provence", 14/03/2023

La provence

 

ARCHIVES

Article dans le Journal "La Provence"


Articles dans le Journal " Haute Provence Info "

A l'occasion de la Première du XXXVIéme Festival
Article signé par Michel JUBIN



A l'occasion du concert de l'Ensemble STRAVAGANZA

AVEC L'ENSEMBLE BAROQUE « STRAVAGANZA » UN PAS DE CÔTÉ...

Le mardi 7 août « On entrait dans la danse » avec « Stravaganza », le thème de 2018 voué à la danse. Le concert était présenté par le nouveau président des « Riches Heures Musicales » Gilbert Elkaïm qui saluait le soutien de la Région et de l'ADAMI.

Les musiciens captifs du clavecin Thomas Soltani (directeur artistique et de l'ensemble ou de la viole dansent en esprit ou... physiquement, telle l'élégante Domitille Gilon, violoniste qui « décolle » littéralement de la scène. Diana Baroni à la flûte n'est pas en reste...

Danseries virtuoses signées Couperin (né en 1668, on fête son 350ème anniversaire!), Leclair, Marais et Jacquet de la Guerre, leurs alanguissements amoureux cèdent heureusement le « pas » à la chorégraphie.

Paradoxe... dans notre posture « d'écoute », on demeure impassible à la volupté des rythmes. Néanmoins quelques inclinaisons discrètes marquées de la tête indiquent que l'âme du public bat la « mesure »... Les « Violoneux » devenus savants oubliaients-ils les kermesses populaires ?

Barométrie, hygrométrie et accord des cordes...

La viole de gambe qui se tient sensuellement entre les « gambes » comme une partenaire de tango souffre... Une corde de ré n'y résiste pas, sous l'oeil innocent du diable tête de chapiteau. On connaît son habileté à provoquer la honte des moines victimes du fameux fa diabolicus ! Plus à gauche, une tête de moine tonsurée prête l'oreille et se réjouit d'entendre cette musique d'avant-garde, lui qui est en place depuis le XII ème siècle...

Stravaganza, Extravagance... et le grand Sur...

La lecture des biographies des musiciens est toujours riche d'enseignements : Diana Baroni flûtiste est d'origine argentine et le gambiste Ronald Martin Alonso est diplômé du Conservatoire de la Havane... l'occasion rêvée d'inciter à la lecture de son compatriote Alejo Carpentier, auteur du « Concert Baroque » (Gallimard) construit « comme » un concerto de Vivaldi.

Musique et septième art vont de pair. « Tous les matins du monde » d'Alain Corneau est spontanément évoqué par Ronald, un monsieur de Sainte Colombe en plus joyeux... Rappelons que le 13 août, on projettera à Valsaintes « Le Roi danse » de Gérard Corbiau.

Une exposition montée sur des oriflammes (kakémono) parcourt quelques siècles de danse. Elle vous attend dans la salle des gardes. Toutes les cases sont ainsi « cochées » pour le plus grand bonheur de la Musique.

Le clavecin de la soirée était le « dernier-né » signé de Jean Bascou facteur simianais et partenaire fidèle du Festival."
Article signé par Michel JUBIN

Article paru sur RESMUSICA

Ensalada de danses de la Renaissance par La Cecchina à Simiane-la-Rotonde

Le 8 août 2018 par Cécile Glaenzer

Festivals, La Scène, Musique d'ensemble

Simiane-la-Rotonde. 4-VIII-2018. Œuvres d’Alonso Mudarra (1510-1580), Juan del Encina (1468-1529), BartomeuCárceres (15..-1546), Giovanni Gastoldi (1555-1622), Diego Ortiz (1510-1570), Mateo Flecha (1481-1553), Filippo Azzaiolo (1530-1570), Luis de Milán (1500-1561?), Luis de Narváez (c. 1500-c. 1555), Francisco de la Torre (1483-1504). Ensemble La Cecchina : Ana Arnaz, soprano et percussions ; Sebastian León, baryton ; Silvia Tecardi, viola d’arco et dessus de viole ; Julian Behr, vihuela et guitare renaissance

Le festival des Riches Heures Musicales de la Rotonde fait peau neuve : nouvelle équipe, nouvelle présentation et toujours ce cadre unique dans les collines des Alpes de Haute-Provence.

La Rotonde de Simiane, tour médiévale édifiée au XIIe siècle dont la salle romane du premier étage sert pour des concerts intimistes à travers six siècles de musique, offre un écrin unique à un festival à la forte identité. Le thème de cette 36e édition, » Entrez dans la danse « , nous rappelle l’influence de celle-ci sur la musique européenne depuis le Moyen Âge jusqu’au XVIIIe siècle. C’est l’ensemble La Cecchina qui ouvrait le bal.

Basée à Bâle, La Cecchina, qui emprunte son nom au surnom de la compositrice Francesca Caccini, réunit le baryton colombien Sebastian León, la violiste italienne Silvia Tecardi, le vihueliste allemand Julian Behr et la soprano espagnole Ana Arnaz, qui assure la direction musicale. L’ensemble nous fait voyager entre Naples et Madrid au fil du XVIe siècle, en alternant danses chantées et instrumentales des royaumes d’Aragon et de Castille. À la Renaissance, musiques populaires et musiques savantes s’interpénètrent et de nouvelles formes musicales apparaissent : airs à danser et chanter comme les villottes et les villanelles. Le plus célèbre des recueils de villancicos à danser est le Cancionero de Palacio de Juan del Encina, auquel le programme emprunte plusieurs pièces. Autre bel exemple d’échanges entre populaire et sacré, les Ensaladas de Mateo Flecha et de BartomeuCárceres, qui nous valent des passages savoureux entre langue vulgaire et latin. En amont de ce programme, Ana Arnaz a effectué un remarquable travail musicologique pour rendre au mieux ces échanges musicaux entre monde savant et populaire.

C’est à une véritable fête que nous convient les quatre musiciens de La Cecchina dans ce programme d’une réjouissante vitalité. La voix chaude de Sebastian León est une belle découverte. La soprano Ana Arnaz, à la voix timbrée et très expressive, fait preuve d’une superbe présence scénique. Elle accompagne aux castagnettes ou au tambourin les danses les plus vives. Quant aux interludes instrumentaux aux violes et à la vihuela, judicieusement choisis, ils permettent de découvrir la belle musicalité des instrumentistes dans des pièces de Diego Ortiz, Luis de Milán ou Luis de Narváez. Particulièrement remarquables sont les diminutions jouées sur le dessus de viole par Silvia Tecardi. La connivence entre les musiciens fait plaisir à voir comme à entendre, et la proximité avec le public, caractéristique des concerts de la Rotonde, ajoute à la magie de cette soirée. Saluons aussi la belle initiative des organisateurs pour illustrer le thème du festival : une intéressante exposition sur la danse baroque accueille le public au rez-de-chaussée de la Rotonde.